On pourrait presque dater l’origine du QR code à celle des signes écrits ! Plus précisément à partir du « calculi », sorte de jeton d’argile utilisé en Mésopotamie, quelques 3.000 ans avant la naissance de l’écriture. En effet, comme ce premier QR code, ils servaient à désigner et quantifier des marchandises, mais via des encoches gravées avec un roseau taillé appelé calame ! Selon Clarisse Herrenschmidt, chercheuse, philologue et linguiste, la généalogie du numérique (par conséquent de ses outils et usages) s’explique souvent aussi du point de vue des signes écrits. D’ailleurs, une longue succession d’étapes retrace celle de l’écriture et de la cryptologie. Le QR code en est une.
À l’origine de la création du QR code, se trouve un ingénieur japonais, Masahiro Hara. C’est en 1994 qu’il invente ce motif en noir et blanc alors qu’il travaille pour une filiale de Toyota. Pour le faire, il s’inspire du jeu de Go, un jeu stratégique japonais qui consiste à poser des pierres noires et blanches sur un plateau carré. Il est alors convaincu que ce design simple peut être un moyen simple de transmettre plus d’informations que dans un code-barre.
Utilisé d’abord pour faciliter la gestion des stocks de pièces détachées des voitures, le QR code se répand au Japon dès l’an 2000. Cependant, l’engouement peine à se faire sentir, et une décennie plus tard, l’utilisation du QR code décline considérablement en Europe et aux États-Unis.
C'est la pandémie, distance sanitaire oblige, qui relancera l'aventure du QR code dans nos contrées, grâce à ses multiples applications sans contact. Du restaurant, aux vitrines, aux panneaux publicitaires, en passant par les produits de consommation, le pictogramme est aujourd'hui partout. Une contagion, certains diront.
Avec quelques cheveux blancs en plus, Masahiro Hara raconte désormais volontiers l’histoire de cette invention, sur laquelle lui-même ne misait pas forcément : «Je pensais surtout à une utilisation professionnelle quand je l’ai créée», précise, un sourire aux lèvres, le Japonais, à Libération. (Libération, 06/09/21)